Culture / Interview
Jean-Michel Despin : « Le Concerto d’Aranjuez est un mariage unique et magnifique »
Publié le
Le Concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre en ré majeur est une des œuvres les plus atypiques du répertoire classique. Qu’est-ce qui le rend si unique ?
Il a été créé par le compositeur espagnol Joaquin Rodrigo (1901-1999) qui était aveugle et composait en braille. C’est le seul concerto associant guitare et orchestre symphonique et c’est un mariage unique et magnifique. Quand Rodrigo l’a écrit, confronter orchestre et guitare était interdit car on estimait qu’elle serait « écrasée », c’est-à-dire rendue inaudible par l’orchestre. Ça n’est miraculeusement pas le cas mais, depuis, aucun compositeur n’a retenté l’expérience. J’ai commencé à diriger cette œuvre quand j’étais tout jeune chef. Je vous assure qu’elle reste d’une difficulté redoutable ! Nous accompagnerons le guitariste Antonio Fruscella. C’est un soliste demandé partout dans le monde. Je le remercie car il a été très disponible pour préparer ce concert. Après le Concerto d’Aranjuez, il jouera une pièce seul.
Quelles sont les autres œuvres qui constitueront le concert ?
Nous débuterons par l’ouverture du Contrat de mariage, l’opéra de Gioachino Rossini. Nous enchaînerons par le Concerto d’Aranjuez qui est assez court, environ 25 minutes. Après l’entracte, nous jouerons la quatrième symphonie en ut mineur, dite « Tragique », de Franz Schubert qui dure approximativement 30 minutes. En clôture, il y aura une surprise autour d’Antonín Dvořák, le compositeur tchèque. Ce programme clôturera la saison de l’Orchestre Melun Val de Seine. Nous l’avons déjà joué deux fois : en décembre dernier au Mas du Mée-sur-Seine et en mars dernier à la Ferme des Jeux de Vaux-le-Pénil. C’est donc la dernière chance de l’entendre.
« Schubert a eu une vie misérable »
Pourquoi avoir choisi la quatrième symphonie « Tragique » de Franz Schubert ?
Parce qu’elle est le chaînon manquant entre la symphonie classique et la symphonie romantique. Avec elle, Franz Schubert s’extraie de l’influence de ses maîtres, Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven, pour forger son propre style. Son introduction, lente et d’une beauté absolue, rappelle La Création de Haydn. C’est cette introduction qui lui vaut son surnom de « tragique ». Schubert a eu très peu d’œuvres jouées de son vivant et elle a été créée après sa mort en 1828. Il a eu une vie misérable, alors qu’il est considéré aujourd’hui comme un pur génie mélodiste.
Combien de solistes composent l’orchestre Melun Val de Seine ?
Quarante-cinq musiciens dont une dizaine de professionnels. Nous assurons trois dates par saison et répétons chaque dimanche matin à l’auditorium du conservatoire du Mée-sur-Seine. Cet orchestre a été créé en 1996 et il est unique car mon poste dépend de la fonction publique territoriale. Nous attaquerons la saison 2024-2025 le 1er décembre prochain avec un concert associant Beethoven, Debussy et Ravel.
Par Benoît Franquebalme (Agence de presse TOUTécrit)
Rendez-vous le dimanche 16 juin de 16h à 17h45 dans la salle Emile Trélat à Rubelles pour écouter le concert symphonique de l’Orchestre Melun Val de Seine. Tarifs : de 6 à 10 €. Infos : 01 64 79 25 41.