Eric Métayer dans "Un monde Fou" - Agrandir l'image

Interview

Eric Métayer, " Très heureux de retrouver la scène avec ce texte "

Plus de dix ans après la création d’Un Monde fou, Éric Métayer reprend cette pièce à succès. Un challenge pour le comédien qui y incarne seul une trentaine de personnages. Découvrez l'acteur en interview avant sa venue le 22 octobre à Dammarie-lès-Lys.

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Cette pièce, Un Monde fou, a-t-elle été conçue dès l’origine pour un seul comédien ? 

C’est une comédienne américaine, Becky Mode, qui l’a écrite à partir de son expérience personnelle. Comme cela est très fréquent aux États-Unis, elle a été amenée à prendre un job alimentaire durant les années difficiles où aucun rôle ne lui était proposé. Elle est devenue standardiste pour un grand restaurant new-yorkais. Elle répondait aux clients qui appelaient pour réserver ou pour d’autres demandes. Elle a alors noté tout un tas d’anecdotes. Elle-même n’a jamais joué sa pièce mais elle l’a mise en scène pour un ami comédien qui interprétait tous les personnages, soit plus d’une trentaine ! En France, on a adapté le texte en 2007 au Théâtre de la Bruyère puis au Théâtre de Paris. Avant qu’Un Monde fou ne reçoive, l’année suivante, le Molière dans la catégorie Seul en scène. 

Vous allez donc reprendre cette pièce que vous n’avez pas jouée depuis des années. Comment appréhendez-vous ce défi ? 

Après les représentations à Paris, la tournée n’avait jamais eu lieu en raison d’aléas de calendrier et d’autres opportunités artistiques qui se présentaient à moi. Mais j’y tenais, même si c’est un très grand défi, car je dois réapprendre tous les personnages. Nous avons également dû réadapter le texte. C’est marrant de voir comment, en 10 ans, nos moyens de communication ont changé et comment tout s’est accéléré : il n’y a plus de fax, plus de cabine téléphonique à pièce, ni plus de cabine téléphonique du tout d’ailleurs ! 

Teaser Eric Métayer dans "Un monde fou"

Comment vous préparez-vous à relever une telle performance ? 

Je travaille comme un trapéziste qui répète inlassablement pour que tout ça devienne automatique. La difficulté ne réside pas tant dans le texte que dans les gestes, les déplacements, tout va très vite. J’incarne le standardiste bien sûr mais aussi les clients à l’autre bout du fil : en une fraction de seconde, le public doit comprendre de qui il s’agit. Nous avons fait légèrement évoluer la mise en scène mais l’idée reste la même, quelque chose de très épuré : une table, un tabouret et quelques cartons.
Le standardiste est censé travailler dans une très belle salle de réservation, alors qu’il est au énième sous-sol d’un grand restaurant. Après c’est à moi de stimuler l’imaginaire des spectateurs, par mon jeu, de créer le décor virtuel avec un changement de voix ou un cri de mouette. La question, tous les soirs, est de savoir si le public va rentrer dans cette histoire, c’est un imaginaire entre eux et moi. Mais tout le plaisir du théâtre vivant est là. 

Le titre anglais est Fully Committed, qui signifie " pleinement engagé ", comme l’est le standardiste dans son travail. Pourquoi avoir choisi d’intituler la pièce Un Monde fou ?

Cela s’est imposé assez facilement. Le rythme est tellement intense et il y a tellement de personnages ! C’est comme si cela disait quelque chose de notre époque. Je suis en tout cas très heureux de retrouver la scène avec ce texte. 

Propos recueillis par Claire Teysserre-Orion (agence TOUTécrit)