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Portrait

Bun Hay Mean, l’autodérision en bandoulière

Cet humouriste né de parents sino-cambodgiens s’est lui-même affublé du surnom de Chinois marrant, titre de son premier spectacle. Révélation du Jamel Comedy Club il y a dix ans, il interprétera Tous Ego à l’Espace Pierre Bachelet, le 21 septembre.

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«  J’ai un atelier clandestin d’écriture, vingt-cinq Chinois travaillent pour moi !  »

Dans son premier spectacle intitulé Chinois Marrant, dans la légende de Bun Hay Mean, Bun s’amusait déjà des idées reçues autour de la communauté chinoise. Une autodérision assumée qu’il accommode à sa sauce (pimentée !) dans ses one-man shows décapants. Fils d’un père chinois et d’une mère cambodgienne ayant fui le Cambodge de Pol Pot en 1977, ce Girondin de 42 ans revendique une liberté de parole, qui fait du bien. «  La scèneest un endroit sacré de liberté d’expression.Ce n’est pas au ministre de l’Intérieur d’interdire un spectacle. On ne va quand même pas faire valider nos textes avant de les interpréter ! Le public sait qu’il s’agit d’humour  ».

Et bing !

Riant de ses origines, il n’hésite pas aussi à nous chatouiller, lorsqu’il évoque le regard parfois étriqué que nous portons sur le continent asiatique. «  Pour vous, tous les Asiatiques sont des Chinois. Avant moi, il y avait Michel Leeb qui faisait mieux l’accent  », s’amuse-t-il. Dans la banlieue de Bordeaux, où ses parents s’étaient installés en arrivant du Cambodge, il était toujours «  le seul Chinois de sa classe  », expérimentant très tôt ce que pouvait être la différence.

L’art de l’improvisation 

Adolescent timide, il écrit alors des textes teintés d’humour, sans rien n’en dire à personne. Un jour, une amie l’inscrit à une soirée slam. Il y lit, pour la première fois, ses productions. Bun s’inscrit ensuite à un cours d’improvisation mais son père lui demande de décrocher d’abord une licence d’informatique avant de tenter sa chance sur scène. En 2006, alors qu’il a 24 ans, il quitte Bordeaux et « monte » à Paris, où il écume cafés et restaurants, mais les débuts sont difficiles. Il se retrouve même trois mois à la rue.

C’est finalement Alain Degois, qui a découvert Sophia Aram ou Arnaud Tsamère, qui va infléchir son destin, en le présentant à Jamel Debbouze. En 2014, Bun intègre le Jamel Comedy Club, qui marque le début de son aventure. Depuis, il s’est produit en Suisse, au Sénégal, au Liban ou aux États-Unis, avant d’apparaître dans la série Platane et de jouer le méchant Deng Tsin Qin dans Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu. 

Dans Tous Ego, son quatrième spectacle, le stand-uppeur s’empanache d’un humour corrosif pour critiquer les réseaux sociaux ou encore le complotisme. Passé maître dans l’art de l’improvisation, il évoque aussi son quotidien de comédien lorsqu’il est en tournée. Gros travailleur, il enchaînera en 2025 avec deux nouveaux spectacles, Tous Mytho et Kill Bun, qu’il n’a pas écrit avec vingt-cinq Chinois mais seul.
 

Par Benoît Franquebalme (Agence de presse TOUTécrit) 

Venez applaudir Bun Hay Mean le samedi 21 septembre à 20h à l’Espace Pierre Bachelet de Dammarie-lès-Lys.

Durée du spectacle : 1h20. 

Infos : 01 79 76 96 05.